Cruel Summer



Comme régulièrement maintenant je commence les séries plus ou moins au hasard. Pour « Cruel Summer », c’est le résumé qui m’a intrigué. L’idée de la dualité entre deux jeunes filles pour 1 vérité me laissait à penser que les rebondissements et les retournements de cerveaux seraient légions. Eh bien, je ne me suis pas trompée !

J’ai regardé la série est 1 semaine (chose exceptionnelle vu mon emploi du temps). Elle est terriblement addictive et ce grâce à plusieurs choix de réalisation.

La double narration fait qu’à la fin de chaque épisode on a envie d’avoir le point de vue de l’autre. On veut savoir comment elles ont chacune vécu les choses. Dur, dur de lâcher l’écran alors que l’on sait que l’on va avoir d’autres informations essentielles dans le prochain épisode. Il n’y a pas un seul épisode où des évènements ne retournent pas la situation. Ou du moins notre petite cervelle. On croit Jeannette, puis non, son histoire ne colle pas, alors on se dit que Kate a raison. Puis retour à la case départ… On se dit même, au final, qu’elles ont peut-être toutes les deux raison, que certaines choses ont dû nous échapper. C’est terriblement prenant. Et on s’attache au deux jeunes filles. C’est un calvaire de changer d’avis toutes les dix minutes. On décortique tout. Le moindre mot. On est happé par les images, le son, les protagonistes,… On fait déjà le procès dans notre tête.

Sincèrement il m’est arrivé certains soirs de me coucher en cogitant sur cette série.

L’histoire est tragique. Kate est enlevée. Rapidement on sait par qui, mais on ne sait pas comment. Alors que Kate est retrouvée vivante, elle accuse Jeannette d’avoir su où elle était enfermée et de n’avoir rien fait. Kate accuse Jeannette d’avoir voler sa vie (de fille « populaire »). Car au premier abord, effectivement, la vie de Kate est « parfaite ». Des parents qui sont des VIP dans leur ville. Une famille recomposée qui s’aime. Des amies un peu peste mais pas méchantes (pas intelligentes en tout cas). Un petit ami génial, attentionné et populaire. Kate semble vivre dans le meilleur des mondes. Mais les flash-back nous montrent petit à petit que peut-être la vie de la jeune fille n’était pas un long fleuve tranquille. Que comme souvent les apparences sont trompeuses. Mais ça Jeannette ne pouvait pas le savoir.

Jeannette est une lycéenne effacée, qui a du mal à s’imposer même auprès de ses meilleurs amis. Elle est discrète. N’attire pas spécialement les garçons. Pas ringarde mais pas loin. La famille de Jeannette n’est pas « populaire » mais semble vivre en harmonie. On se demande donc lorsque les épisodes nous projettent dans l’année 1995 ce qu’il a pu arriver pour que la famille de Jeannette devienne ce qu’elle est devenue. Oui, le drame des accusations de Kate… Mais quel a été le processus de cette explosion familiale. Couvait-elle ? Si ce n’est pas le cas, alors on peut voir à quel point les « rumeurs » (le jugement n’est pas passé) peuvent détruire une vie.

La série fonctionne donc en double narration mais aussi en période. Nous vivons les années : 1993, 1994 et 1995. Chaque année a son type chromatique. Cela permet de bien les différencier. Si 1993 est jaune, ensoleillé, 1995 et le procès sont plutôt bleu froid et sombre.  1994 étant lumineux sans dominante colorée particulière. Ces aller/retour nous permettent de découvrir le caractère de tous les personnages. Ce qui est essentiel dans le déroulement de l’intrigue, puisque même les personnages secondaires ont une véritable importance dans l’histoire. Alors que l’on voit grandir Jeannette et devenir une jeune femme sure d’elle, voir « pin bèche ». Kate elle n’est que vengeance. Puis le temps passe et en 1995, Jeannette est taciturne et agressive ; alors que Kate est résiliente. Elle avance dans la « guérison » de son traumatisme. Kate devient qui elle veut être et non plus qui l’on souhaite qu’elle soit.

En dehors de l’intrigue principale, les réalisateurs questionnent de nombreux sujets comme le mensonge vs le silence (lequel est le pire ???), le couple, la jalousie, la pédophilie (qui ici est plus ou moins présenté comme une romance, ce qui peut être gênant), l’homosexualité, la découverte de soi, les conséquences d’un drame, la vision fractionnée des évènements et les conséquences que cela engendre et enfin, le poids des attentes qu’a sur nous la société, l’adolescence (ce moment plus ou moins compliqué où beaucoup de choses se jouent). Pour comprendre l’histoire de « Cruel Summer » il faut une vision globale de la situation. Je pense que c’est l’un des messages essentiels de la série.

Avant de conclure je parlerai en quelques lignes du jeu des actrices principales. Chiara Aurelia est détestable à souhait. Du moins en 1995, mais aussi en 1994. En gros quand elle commence à se prendre pour la reine du bal. La petite fille gentille a goûté à la popularité et elle aime ça, même si elle perd ses meilleurs amis. Lorsqu’elle joue la jeune Jeannette, elle est adorable. Ce contraste est parfaitement maitrisé. Olivia Holt est tout aussi grandiose. Elle incarne parfaitement l’american dream adolescent. Si cela peut sembler décalé pour le public français, je trouve personnellement que cela passe bien. Le style US n’est pas une découverte. Ici les réalisateurs jouent avec les clichés mais ce n’est pas dérangeant. Tout comme Chiara, Olivia réussi parfaitement a passé d’un personnage solaire à un personnage sombre et tourmenté. On résonne avec elles.

Pour conclure, je ne peux que vous encourager à découvrir cette série. J’espère que tout comme pour moi votre cœur ira de Jeannette à Kate puis de Kate à Jeannette. La scène finale laisse à penser qu’une seconde saison va voir le jour. Personnellement je ne suis pas sûre que cela soit nécessaire mais bon…

SPOILER SCENE FINALE : Jeannette n’a pas menti, elle n’a pas vue Kate chez Martin, toutefois, elle l’a entendu. Mensonge par omission… Le petit sourire de Jeannette est clairement mal saint. Cette dernière image remet totalement en question la conclusion antérieure de la série ou les deux jeunes femmes confrontent leur réalité et au final se mettent d’accord sur les évènements.

Mais en regardant bien à nouveau toute la série, on se rend compte que ce petit sourire illustre parfaitement ce qu’est la jeune fille au fond d’elle. Elle est ainsi depuis le début. Elle ne l’exprimait tout simplement pas aussi librement.