La princesse et la fangirl de Ashley Poston chez Lumen

 
 Et elles geekèrent heureuses jusqu'à la fin des temps... Imogène Lovelace est une fangirl en mission sacrée : elle s'est juré d'empêcher à tout prix les scénaristes de sa saga préférée, Starfield – la meilleure série de science-fiction de tous les temps –, d'en tuer pour de bon l'héroïne, Amara. Mais Jessica Stone, l'interprète de la fameuse princesse, n'en peut tout simplement plus du rôle : trop de pression, trop de fans déchaînés... Or Imogen et Jessica se ressemblent comme deux gouttes d'eau. S'ensuit un terrible quiproquo, au terme duquel il devient évident que les deux jeunes filles se détestent – d'autant que leurs objectifs dans l'existence sont diamétralement opposés.

Jusqu'à ce que survienne la catastrophe : le scénario du deuxième opus de la série, confié à Jessica sous le sceau du secret, disparaît. Elle doit absolument le récupérer... ou bien sa carrière est fichue ! Et, pour enquêter, elle se retrouve contrainte d'échanger sa place avec la fangirl la plus enragée du monde (argh !), j'ai nommé Imogen. Jessica ne s'attend pas, au passage, à croiser le chemin de la femme de sa vie... 
 
Auteur: Ashley Poston
Editeur: Lumen
Parution: 16 septembre 2021
 
 
 

 
Si vous recherchez un roman où les filles ne sont pas des seconds rôles et ne sont pas des petites choses fragiles, « La princesse et la fangirl » est fait pour vous. Ici pas question de se laisser marcher sur les pieds. Et ce quel que soit le sexe de la personne en face. Nos héroïnes sont volontaires, savent prendre les choses en main quand il le faut et surtout sont « fortes » et courageuses. C’est un réel plaisir de suivre leurs aventures et leurs évolutions au fil des pages. Imogène est prête à tout pour que la princesse Amara ne meure pas et soit encore présente dans les prochains films de sa saga. La jeune fille se démène pour que son combat porte ses fruits. Sincèrement les gens comme elle qui s’investisse ainsi dans une cause (même si elle n’est pas pour « sauver le monde ») m’impressionnent. Il faut une régularité et une envie à toute épreuve.

Jessica veut aller haut. Elle veut être reconnue par ses pairs et pour se faire elle doit laisser derrière elle le rôle d’Amara qui à ses yeux n’est pas un rôle « oscarisable ». Jessica ne veut pas être une simple actrice qui enchaîne les rôles de « seconde zone ». Hautaine, elle se donne entièrement à sa quête de reconnaissance. Certains peuvent trouver cela futile car ici on parle de reconnaissance dans le monde du cinéma, toutefois son histoire peut être transposée à toutes les personnes qui veulent être reconnue dans un domaine. Il est parfois bon de viser les étoiles. Jessica est malgré son caractère hautain un personnage inspirant.

Ce que j’ai tout particulièrement aimé dans ce roman c’est que bien que les difficultés rencontrées par nos héroïnes ne soient pas dans la catégorie « hardcore » (maladie, mort, s’entretuer pour survivre, harcèlement, …), elles sont montrées comme pouvant toucher tout le monde. Imogène et Jessica en soi n’ont rien en commun. En dehors d’être des femmes. Pourtant, elles vont devoir faire face à des problèmes et questionnements de fond. On pourrait croire que la vie de Jessica est magnifique, merci l’effet paillette. Mais ce n’est pas le cas. Au final on se rend compte que les deux héroïnes ont les mêmes peurs, les mêmes doutes. Elles crééent leur avenir. Savoir qui l’on est, où on va, …, voilà des peurs universelles traitées ici avec intelligence, humour et bienveillance.

L’intrigue principale de « La princesse et la fangirl » est rafraichissante. La plume y est pour beaucoup car comme vous avez pu le lire juste avant les thèmes abordés ne sont pas que « piou piou c’est mignon ». Toutefois, la quête d’Imogène pour faire vivre son personnage de fiction préféré et celle de Jessica pour devenir une star « respectable », sont narrées avec pep’s et enthousiasme. Suivre les deux jeunes filles est un réel bonheur. Même si dans un premier temps je peux concevoir que vous détestiez Jessica J. La double narration (alternance) rend le récit très dynamique et totalement addictif. Lorsque l’on termine un chapitre suivant Jessica, on meurt d’envie de lire le suivant parlant d’elle, mais il faut entre temps lire celui d’Imogène. C’est un cercle vicieux. J’adore.

Un autre point que j’ai envie de soulever avant de terminer ma chronique est le côté inclusif du roman. Il est rare (enfin du moins je n’en ai pas lu beaucoup je veux bien des références) que les personnes LGBT soient présentés comme bien dans leur peau, avec une vie simple et « normale », sans anicroche. Ici les personnages homosexuels sont traités comme n’importe quels personnages. J’ai aimé lire une histoire où l’homosexualité n’est pas synonyme d’épreuve. Je ne sais pas si cela est une réalité ou non, généralisée ou non en 2021. Mais en tout cas, ça fait plaisir.

Je terminerai ma chronique par ce qui est pour moi la cerise sur le cupcake : les références geek. Bien que je pense être passé à côté de plusieurs, beaucoup son random et donc accessibles à tous. C’est du pur bonheur lorsque l’on se rend compte qu’on en a compris une. On se sent dans son univers. A sa place. On fait partie des élus. C’est satisfaisant.

 

Bref, vous l’aurez compris ce second tome est pour moi meilleur que le premier (que j’avais déjà beaucoup aimé). Son dynamisme m’a conquise. Les caméos m’ont fait plaisir. Je suis ressortie de cette lecture avec le smile. Et vous savez quoi. Ça fait du bien.