Je dois avouer que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en regardant ce film. J'avais vu une fois la bande annonce sur internet mais en soit, elle ne m'avait pas vraiment donnée envie... Toutefois, dès que ça parle psychiatrie, ça m'intéresse. Je me suis donc plongée dans le quotidien de l'hôpital pour femmes de la Salpêtrière. Et je dois dire que je n'en suis pas ressortie indemne.
Ce film parle d'une des périodes de recherche active sur la psychiatrie au féminin. Ici ce sont les femmes que l'on cherche à comprendre. Attention, pas la femme "normale", non la "folle", "l'hystérique". Et tous les moyens sont bons pour y arriver. On découvre les méthodes plus ou moins expérimentales de l'époque. Mais ce sont surtout des méthodes inhumaines. Ici le respect de la dignité n'existe pas, le respect de la personne non plus. Ces femmes ne sont plus des êtres humains aux yeux des médecins et de la population, ce sont des cobayes, de rebus. Tout est donc permis.
Charcot est un grand neurologue qui a permis de faire de grandes avancées dans le domaine. Certaines pathologies neurologiques sont parfois étroitement liées à des pathologies psychiatrique. Je comprends donc pourquoi le Docteur Charcot s'est intéressé au domaine psychique. Mais je n'arrive pas à comprendre le sadisme avec lequel il pratique la médecine. Ces femmes sont ses jouets sur lesquels il expérimente l'hypnose. "Le bal des folles" ne le rend pas sympathique, peut être que cette petite mise en lumière de la face sombre du médecin était essentielle. On sent bien qu'il ne recherche pas vraiment des réponses. Il joue sous les yeux admiratifs de ses internes et/ou confrères.
Derrière le Docteur Charcot se trouve une batterie d'hommes, eux aussi médecins. Que des hommes... C'est un monde totalement patriarcal que l'on a sous les yeux. Seules quelques femmes sortent du lot, elles sont infirmières. Toutefois, elles ne sont pas pour autant respecté par les médecins. Ce qui est pervers, c'est que l'on sent bien que ce n'est pas le fait qu'elles aient un grade en dessous du leur qui provoque ce mépris, mais bien le fait que ce soit des femmes. D'ailleurs ces dernières pour garder leur place n'hésitent pas à traiter leurs sœurs comme des pestiférées, avec violence. Se vengent-elles de ce qu'elles subissent ?
La partie médicale n'est pas le seul lieu où le patriarcat fait des ravages. L'histoire suit Eugénie. Jeune femme érudit qui aime les mots et réfléchir. Elle ne souhaite pas être une "bonne épouse" qui ne fait que se taire et suivre aveuglement son mari. Elle veut vivre par et pour elle-même. Eugénie se fait interner à la demande de son père car elle entend des voix. Celle de personnes mortes. Cette excuse arrange bien ce dernier qui n'apprécie pas les comportements de la jeune femme. Et on va voir tout au long du film qu'Eugénie n'est pas la seule a être interné parce qu'elle "dérange". D'autres femmes le sont sur le simple motif que leur conjoint ne veut plus d'elle. On les diagnostique hystérique. Et voila, le tour est joué. Le conjoint n'a pas à divorcer, ou si il le fait c'est légitime.
Dans son film, on sent que Mélanie Laurent a voulu mettre l'accent sur cette société où les femmes sont bâillonnées. Un discours féministe fort se dégage du "Bal des folles".
Ce que j'ai tout particulièrement aimé dans ce film c'est, que l'on se rend compte à la fin que la folie n'est pas obligatoirement là où on le pense. Si certaines sont "tendres", "touchantes", d'autres sont inhumaines. Le bal des folles, dont est tiré le titre du film, est un moment clé qui montre à quel point l'Homme peut être un monstre qui s'auto-excuse histoire de bien dormir le soir. Si on enrage durant tout le film, ce passage met dans une colère noire. Toutefois... Elles seront fortes, on sera fière d'elles (je vous laisse découvrir ça dans le film).
Eugénie entend des voix. On pense donc à de la schizophrénie. On comprend que cela puisse faire peur. Mais tout bascule lors que l'on se rend compte qu'en fait on se trompe totalement. "Le Bal des folles" est aussi un film "fantastique". Les voix existent. Et je dois avouer que cette bascule dans cet univers ne m'a pas particulièrement plu. Personnellement je crois en tout et rien. Surtout en rien. Pour moi, une fois mort... Bah il n'y a plus rien. Mais attention, je me contredis moi-même a de nombreuses reprises dans le vie de tout les jours. Toutefois, dans ce film, je n'avais pas envie de ça. Je souhaitais rester dans le factuel. Je trouve que le fait d'en faire un film "fantastique" désert le reste du propos et facilite trop le dénouement.
Les acteurs sont grandioses et nous font totalement rentrer dans l'époque, l'hôpital et la folie. J'ai vraiment été bluffée car dès les premières minutes on est immergé dans ce "bal" hors norme.
Pour conclure je dirai que "Le Bal des Folles" est une photographie très intéressante d'une époque et de la médecine, un pamphlet contre le patriarcat et ses dérives, un film fort qui vous laisse abasourdie.