Présentation de l'éditeur
Au Japon, porter plainte pour viol est synonyme pour les femmes de véritable suicide social. Une femme a pourtant pris le risque de parler à visage découvert.
En 2015, Ito Shiori a 26 ans, elle est journaliste. Un soir, elle rejoint N. Yamaguchi directeur dans une grande chaîne de télévision et proche du Premier ministre au restaurant pour parler affaires. Quelques heures plus tard, elle reprend conscience dans une chambre d'hôtel, en train de se faire violer.
Confrontée à la mauvaise volonté des pouvoirs publics et au silence des médias, Shiori mènera seule l'enquête sur sa propre affaire. A ce jour, elle n'a toujours pas obtenu justice.
Le livre que vous avez entre les mains est son histoire, sa voix, et surtout son combat pour faire changer le regard que porte la société japonaise sur les victimes d'agressions sexuelles.
Auteur: Shiori Ito
Editeur: Picquier
Parution: 04 avril 2019
Lorsque j'ai lu le résumé de ce livre, j'ai su qu'il fallait que je le lise. Je n'étais pas sure dans un premier temps de le chroniquer car il fait plutôt partie de mes lectures «perso/pro » et pas « perso/détente ». Mais en le terminant j'ai ressenti le besoin de vous en parler car je pense qu'il est le reflet d'une société où la question du consentement reste floue, sans borne et que nous sommes tous acteur des changements qui peuvent survenir dans notre société.
Dans ce livre, Shiori Ito nous parle de l'expérience la plus traumatisante de sa vie et des années de combats qu'elle a menée pour obtenir justice mais surtout pour faire changer les lois et les esprits. Bien que le sujet du viol soit un sujet tout particulièrement difficile à aborder, Shiori Ito le fait avec intelligence. Elle ne nous donne pas à lire un roman larmoyant où l'auteur recherche uniquement à nous faire nous apitoyer sur le sort de la malheureuse victime. Certains passages peuvent même paraître froids ou « clinique ». Ce qui renforce la portée des moments intimes et émotionnellement chargés.
Shiori Ito a décidé de parler afin de faire changer les mentalités mais aussi les lois, les comportements, les regards, … Elle ne voit pas ce livre comme un objet lui permettant de faire une thérapie. C'est réellement un cri altruiste qu'elle lance à la face du monde.
« La boite noire » permet au lecteur de se rendre compte de l'accompagnement post-viol existant dans un autre pays que la France. Certaines lacunes sont les mêmes que dans l'Hexagone, on se questionne donc sur l’action des pouvoirs publics mondiaux... L'auteur parle aussi de programmes ou actions mis en place à l’étranger. Par exemple elle décrit avec précision les cellules suédoises de prise en charge des victimes de viol. Cette mise en perspective m'a fait me rendre compte que nous sommes logés à la même enseigne que le Japon. Et ce n’est pas un compliment sur cette question de la prise en charge et l’aide aux victimes. Et bien que ces dernières années les questions autours des abus sexuels ou des violences faites aux femmes soient régulièrement mises en lumière via les médias, il reste encore un très long chemin à la France, mais aussi au Japon avant que de vraies solutions soutenantes, mais aussi une prévention efficiente soit mise en place dans le monde.
Shiori Ito de par son courage a réussi à ouvrir les débats dans son pays. J’espère que ce livre sera lu par nos dirigeants, mais aussi par un maximum de monde afin que les choses changent. Être victime ce n’est pas anodin. Être victime d’un viol, c’est une cicatrice qui ne se referme jamais quoi que l’on fasse. Lisez ce roman, parlez-en autour de vous, afin que le tabou tombe et que des aides soient proposées.